ÂGES (PYRAMIDE DES)

ÂGES (PYRAMIDE DES)

L’effectif d’une population étant connu, il est encore nécessaire d’en préciser les structures : répartition par sexe, par âge, par catégorie socio-professionnelle, etc. La prise en considération des groupes d’âges donne une information relativement grossière, mais parfois suffisante sur la structure par âges. On convient généralement de définir trois groupes: les «jeunes», les «adultes» et les «vieillards», dont les effectifs seront respectivement J. A. et V. La définition précise de ces catégories n’est pas universelle; on retient généralement 15 ou 20 ans, 60 ou 65 ans comme âges limites. Cette classification en soustend en effet une autre, d’inspiration économique: elle recouvre plus ou moins la distinction des bébés et enfants d’âge scolaire, de ceux qui peuvent exercer une profession ou l’exercent en fait, et enfin des retraités. La construction d’une pyramide des âges renseigne à la fois la répartition par sexe et par âge.

Définition

Une pyramide des âges est un double histogramme dans lequel l’année de naissance, portée en ordonnées, est la variable de classement; les effectifs relatifs à chaque âge sont portés en abscisses, vers la gauche pour les hommes, vers la droite pour les femmes. On peut évidemment, en ordonnées, remplacer les années de naissance par des âges, puisque la représentation est établie pour une date déterminée: elle est l’image de la population à cette date. Le sommet de la pyramide est effilé; sa hauteur, de l’ordre de cent ans, est exactement égale à l’âge du doyen de la population que les démographes appellent quelquefois l’âge 行. Il arrive que les intervalles d’âge choisis ne soient pas d’une année mais, par exemple, de cinq ans: la pyramide obtenue est alors schématique, mais exprime souvent l’essentiel.

Une pyramide, donnant l’image précise d’une population à une date déterminée, est construite à l’occasion d’un recensement général: entre deux recensements, des interpolations fondées sur les renseignements d’état civil (naissance et décès) et sur les migrations enregistrées permettent de la tenir à jour.

Bien entendu, la population décrite par une pyramide pourrait être celle du monde entier, d’un pays, d’une région, d’une commune, etc. En fait, les seules pyramides pratiquement utilisées décrivent la population d’un pays (fig. 1).

Interprétation

La pyramide des âges d’une population fait apparaître immédiatement les principaux caractères de son histoire dans les dernières décennies. Si l’on prend le cas de la France (fig. 2), on constate par exemple que la Première Guerre mondiale fit surtout des victimes dans la population masculine: les pertes militaires se traduisent par une dissymétrie de la pyramide dans sa partie supérieure. À l’effet de cette mortalité sélective s’ajoute d’ailleurs celui, en général, de la surmortalité masculine qui résulte pour une bonne part, en France, de l’alcoolisme. Si l’on descend l’échelle des âges, on voit apparaître, pour les deux sexes, une brèche profonde. Les générations nées entre 1914 et 1918 sont de maigre effectif, en raison de la séparation des ménages pendant la guerre. Cette brèche provoque évidemment un nouveau déficit de naissance quelque vingt ans plus tard: les gens qui ne sont pas nés ne sauraient eux-mêmes avoir d’enfants. Se superposant à peu près à cet effet médiat de la Première Guerre mondiale et en accentuant l’ampleur, apparaît un deuxième déficit des naissances dû à la séparation des ménages pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant les dix années qui précèdent cette guerre, et sont marquées par la grande crise économique, la natalité baisse: la partie correspondante de la pyramide a une pente inversée par rapport à la normale. Puis le «baby-boom» des années 1946 et suivantes se traduit par un élargissement de la pyramide, les générations jeunes étant nombreuses. Malgré une légère reprise au début des années quatre-vingt, le taux de natalité s’affaiblit à nouveau par la suite, compromettant le renouvellement des générations.

Comparaison

Pour comparer les pyramides de plusieurs pays, il est commode de porter en abscisses, à la place d’effectifs absolus, des effectifs rapportés à une population de 1 000 ou de 10 000. La forme des pyramides ainsi obtenues ne dépendra plus de l’effectif des populations étudiées; leur comparaison fera apparaître des différences tenant exclusivement à la variété des structures par sexe et par âges.

À priori, la pyramide n’est pas symétrique puisque la surmortalité masculine est de règle à tous les âges: sa partie gauche est atrophiée par rapport à sa partie droite. Cette circonstance naturelle peut être exagérée ou surcompensée par l’effet des migrations, généralement le fait des hommes jeunes. Un excédent masculin, dans la tranche 20-40 ans, sera le signe d’une importante immigration (en Australie, par exemple).

Les comparaisons interpyramides les plus intéressantes portent sur la structure par âges. C’est ainsi que l’on décrit traditionnellement trois formes de pyramides (fig. 3):

1. En accent circonflexe . Elle correspond au régime démographique primitif ou naturel: grande natalité, mortalité importante et précoce. Les générations «fondent» vite (France au XVII^e siècle, Inde au XIX^e siècle).

2. En meule de paille ou en urne. La maturité démographique a été atteinte ou elle est en voie de l’être: la mortalité aux différents âges a diminué, mais la natalité fléchit, elle aussi, depuis quelque temps (France vers 1935).

3. En as de pique ou en pointe de casque. La mortalité aux différents âges est faible, là encore, mais, après une période de faible natalité, une reprise de celle-ci explique l’élargissement de la pyramide à sa base (France vers 1960).

La ventilation d’une population en groupe d’âges et la construction d’une pyramide des âges permettent de mettre en évidence les structures élémentaires de celle-ci. Elles n’en donnent toutefois qu’une idée élémentaire puisqu’elles ne tiennent compte que de deux critères de classement: l’âge et le sexe. Il convient donc de les compléter, au-delà de cet aspect «arithmétique», par des études approfondies et finalisées: taux d’alphabétisation, population active, état sanitaire, répartition géographique à l’intérieur d’un territoire, etc.

Encyclopédie Universelle. 2012.